Cocoa Talks: plaidoyer pour une meilleure rémunération des producteurs de cacao
Cocoa Talks

Cocoa Talks: plaidoyer pour une meilleure rémunération des producteurs de cacao

Après le Ghana et la Côte d’Ivoire, le Cameroun s’engage, avec l’Union européenne (UE), premier importateur de cacao mondial, au dialogue sur la production du cacao durable.

C’est une lueur d’espoir pour les producteurs de cacao camerounais. Le Cocoa Talk vient d’être lancé ce 18 novembre 2021 à Yaoundé. Le Cameroun et l’Union européenne s’engagent au dialogue sur la production du cacao durable en mettant un accent sur le revenu des producteurs. Selon les explications du chef de la délégation de l’UE au Cameroun, Philippe Van Damme, en plus d’assurer un revenu minimum vital aux cultivateurs de cacao, ce dialogue va permettre de lutter contre l’élimination du travail des enfants dans la chaîne de valeur du cacao, à renforcer la protection et la restauration des forêts dans les régions cacaoyères.

Selon les données de l’organisation internationale du cacao (l’ICCO), l’industrie chocolatière mondiale génère annuellement 100 milliards $. Les pays producteurs ne saisissent que 6% de cette manne, dont 2% pour les paysans. Le reste revient aux chocolatiers (35%), aux industries de broyage et aux transporteurs. Ce que déplore le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, qui observe que la partie européenne semble ne pas mettre l’accent sur l’augmentation de la rétribution des producteurs. Pour le membre du gouvernement, « La durabilité implique la protection de l’environnement. [Mais aussi, (ndlr)] la survie des producteurs. La durabilité rime forcément avec la survie des producteurs. La durabilité rime avec la protection de l’environnement, l’interdiction du travail des enfants, mais au final, la prospérité des producteurs. C’est ce tryptique-là que nous voulons voir prendre en compte dans les discussions ». Pour lui, les prix bord champs du kilo de cacao doivent être revus à la hausse.

Ce dialogue entre le Cameroun et l’U.E fait suite à la présentation de la nouvelle réglementation européenne en débat au Parlement européen sur la traçabilité du cacao. Si elle est adoptée et votée en l’état, cela fera partie du corpus législatif auquel seront désormais soumis les importateurs européens de cacao aux fins d’être considérés comme « entreprises durables ».

Selon le diplomate européen, les législations vont permettre de minimiser la contribution de l’Union européenne dans la déforestation mondiale, et promouvoir la consommation de produits issus de chaînes d’approvisionnement exemptes de déforestation. La seconde proposition est relative à la gouvernance des entreprises. Cette proposition législative entraînera des obligations de diligence de l’Union européenne afin qu’elles garantissent une meilleure lisibilité et traçabilité sur leur chaîne d’approvisionnement en produits forestiers. Il est temps que les acteurs camerounais puissent réfléchir sur ces nouveaux critères d’exportation ».

A terme, si les producteurs dits durables voudraient continuer à  écouler leurs marchandises dans l’UE, comme tout autre opérateur économique, ils devront respecter les mêmes exigences comme l’arrêt du travail des enfants et exclure de leurs chaînes d’approvisionnement les produits qui causent la déforestation et la dégradation des forêts.

  T. Nina ONGBEHOCK