Campagne cacaoyère 2023/2024 : comprendre l’envolée du prix du kilo de cacao au Cameroun

Campagne cacaoyère 2023/2024 : comprendre l’envolée du prix du kilo de cacao au Cameroun

La technique des ventes groupées conséquence de la libéralisation des filières cacao et café, la construction des centres d’excellence de traitement post récolte, le Guichet Producteurs sont autant de raisons qui concourent à l’augmentation du prix de cacao.  

Le soleil semble se lever chez les producteurs de cacao et de café au Cameroun cette saison 2023/2024. Le prix de cacao a atteint son niveau le plus élevé, soit 2050 FCFA le kilogramme, une première depuis la crise de la fin des années 80. Cette année-là, une cascade de crises financière et socioéconomique avaient entrainé le démantèlement de l’organisation des filières cacao et café, mais aussi la mise en place des réformes dans le secteur à partir de 1994. A cette époque, l’annonce habituelle de la campagne cacaoyère, début août, avait mis les planteurs face aux acheteurs pour négocier le prix du cacao, jusqu’alors fixé par Décret présidentiel depuis 1956. C’est le début de la libéralisation du Prix du cacao ! Laquelle offre l’avantage de la concurrence qui se traduit par une hausse des prix d’achat de cacao. Dans ce système, le marché est libre et efficace. Les débats sont ouverts lors des ventes et les producteurs, organisés en coopératives, ont la possibilité de négocier les prix selon leur bon vouloir. Le regroupement des membres en coopératives permet à chacun de profiter de l’accompagnement et le suivi des organismes en charge des filières cacao et café.

La libéralisation a débuté en 1991 par la dissolution de l’Office National de Commercialisation des Produits de Base (ONCPB) le 28 janvier 1991, et la création de l’Office National du Cacao et du Café (ONCC), concomitamment avec le Conseil Interprofessionnel du Café et du Cacao (CICC) le 12 juillet 1991, suivi quelques années plus tard du FODECC. L’objectif de la libéralisation était de promouvoir l’efficacité des marchés à travers une forte transmission des prix du marché international au marché local qui s’apprécie par l’intégration des marchés.

La construction des centres d’excellence de traitement post récolte cacao

Les centres d’excellence sont un gage d’obtention de la qualité de cacao d’excellence dont le prix d’achat minimum est fixé à 1650 fcfa, le kg de cacao. En effet, ce sont des structures dotées d’équipements de fermentation, de séchage et de stockage spécifiques, auxquels il faut ajouter un itinéraire de contrôle strict de la qualité des fèves, qui permet au final d’obtenir du cacao « zéro défaut ».  Les centres d’excellence de traitement post-récolte du cacao ont été construits et inaugurés dans plusieurs bassins de production à savoir : Ngoro, Lembe Yezoum, Nkondjock, Minkama, Nkog-Ekogo, Mintaba, Akomnyada, Manyai, Zoételé, etc. ceux-ci sont majoritairement situés dans les régions du Sud et le Centre.

Par ailleurs, plusieurs autres initiatives comme la prime qualité cacao, incitent les producteurs à la commercialisation du cacao de haute qualité, de même que le Guichet Producteurs qui subventionne les producteurs, et le Guichet de Transition Agro-écologique qui les encourage à adopter les bonnes pratiques agricoles. Ce sont tous ces éléments nés de la politique de relance volontariste des pouvoirs publics qui concourent à l’amélioration des conditions de vie des premiers acteurs de la chaine, les producteurs, au final. Il n’est donc pas anodin que cette année, le Cameroun ait adhéré au sein du label très sélectif du ‘‘cacao fin ‘’ de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) en juin 2023.

Nina ONGBEHOCK